# 696



La femme-éther


J’étais un corps sans bruit, dressé dans les cendres,

Le ventre tissé d’ombres et d’aurores fanées,

La face effacée — lune morte, sans regard,

Et la gorge ouverte aux vents crayeux du temps.


On m’avait peint de rouille et de fulgurances,

Les doigts tremblants d’un peintre ivre de silence ;

Il traçait sur ma chair des plaies de charbon rouge,

Comme on écrit la fièvre sur la peau des songes.


Je suis debout dans l’entre-deux du monde,

Femme de craie, de soufre et de lumière sale —

Mon cœur est un tambour où cognent les siècles,

Et ma voix, une absence aux longs bras de brouillard.


Ah ! que m’importe l’éveil !

Je suis une âme en transit, le sel d’un cri fossilisé,

Et le ciel me traverse comme un couteau d’air.

J’avance, déterminée, sur la ligne des brumes.




 

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